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contexte
mémoire de recherche de dsaa

objet
design d’outil, recherches expérimentales imprimées

équipe
Laëtitia Molinari

lieu
Lyon

date
2022

Regarder, traduire et s’inspirer des structures visuelles du vivant

 

Le vivant offre une beauté singulière, dont la variété est infinie. Le foisonnement des couleurs, des matières et des formes structurant l’être vivant, ici animal et végétal, est d’une richesse immense. Un œil naïf contemplerait la nature par rêverie, l’entraînant dans un voyage captivant et méditatif. Un œil curieux, observateur et intéressé en quête de sens, serait épris de découverte et de révélation.

Saisi par des formes biologiquement présentes chez le vivant, l’homme les contemple, attentif au détail, mais les analyse également pour les comprendre et saisir les forces qui l’animent. De nombreux scientifiques, artistes, designer… ont cherchés à comprendre le fonctionnement des formes génératives du vivant. Alan Turing, mathématicien et cryptologue a étudié la génération des « patterns » lors du développement d’organismes vivants.

Afin de mieux comprendre ces processus génératifs producteurs de forme, Turing s’est plongé dans la structure des choses, en allant au plus profond de l’être vivant. En effet, regarder la nature nécessite de s’en approcher. Tandis que l’œil humain rend visible le visible, l’œil technologique permet à l’homme d’entrer dans le monde invisible. De voir des formes existantes dans le monde, jusqu’alors inconnues avant d’être dévoilées. Les instruments d’optique apportent alors une nouvelle connaissance.

Une fois ces formes observées, l’homme tentera de les retranscrire. Cependant, cette retranscription n’est pas si simple. Cajal et Golgi, deux chercheurs en neurologie et co-lauréats du prix Nobel de physiologie en 1906 en reconnaissance de leurs travaux sur la structure du système nerveux, ont développé deux interprétations graphiques à partir d’une même observation. Leurs différentes représentations de la structure du cerveau ont donné lieu à deux lectures distinctes du fonctionnement cérébral. L’observation et les moyens techniques utilisés permettent la création de nouvelles imageries scientifiques qui portent et ouvrent la voie à des schémas d’interprétation. Lié à l’imagerie scientifique, le design graphique articule des formes pour transmettre une connaissance scientifique, et ainsi ouvrir l’homme sur le monde l’entourant. En effet, par une relation entre le fond et la forme, et entre la forme et la fonction, le design graphique se présente comme une manière de représenter le monde. Selon Annick Lantenois « le design graphique peut être défini comme le traitement formel des informations et des savoirs. Le designer graphique est alors un médiateur qui agit sur les conditions de réception et d’appropriation des informations et des savoirs qu’il met en forme ».

Discipline qui consiste à créer, choisir et utiliser des éléments graphiques pour élaborer un objet de communication et/ou de culture, il articule des éléments symboliques et signifiants pour promouvoir, informer ou instruire. En effet, l’homme accède à une nouvelle perception sensible du visible par l’expérience graphique. Par la visualisation et la traduction chromatique et formelle, l’écriture du vivant permet d’en proposer une compréhension. Ainsi, particularité de la relation forme et vivant, le « pattern » se présente comme l’articulation entre le regard porté, avec les outils associés, et les phénomènes observés, ici le vivant animal et végétal.

Le design graphique serait donc un acteur important dans l’observation et la présentation des formes structurant le vivant ? Quels sont les moyens de visibilité et d’intelligibilité, entre représentation et esthétique ?

Paris, 2023 © Laëtitia Molinari